"PHOENIX" Arromanche - 2016 -
"PHŒNIX" Arromanche - 2016 -
PHŒNIX
Le silence est venu comme la nuit, comme la pluie, et dans l'obscurité seul le claquement des vagues révèle leur présence. Le temps, les éléments effritent avec patience leur carcasse de rouille et de béton. Des hommes les ont posées là, en plein océan, face à la côte. Il y a longtemps, en des temps de fracas et de fureur, de feu et d'acier. Le tumulte s'est tu. La paix enfin, presque l'oubli.
Elles n'ont pas sombré. Au ras de l'horizon, leurs angles durs crèvent le ciel et l'eau, tracent un réseau de lignes, traits et points liés, de la grève au lointain. Géographie de pierre et de fer, dédale de monolithes émergés, désaxés, signes hiératiques qu'un demi-jour effleure, cisaille, estompe.
Un désir de lumière leur redonne la vie. La force d'un regard, celui de Francesca Piqueras, cadre leurs masses essaimées, épure cette architecture nue, brute, à vif. Plonge dans leurs entrailles, concentre avec lucidité surfaces et lignes de force, affirme la convergence du fer et de la pierre, de l'eau, du ciel et de la lumière.
Sa vision grave, incisive, réveille une mémoire de béton et de rouille qui dit la folie des hommes, toujours recommencée. Celle des guerres passées. Et de celles à venir. Parce qu'il en est ainsi. Parce que c'est ainsi, aussi, que naissent et renaissent les Phoenix de pierre.
Joël Halioua - décembre 2015, janvier 2016 -