"TERRITOIRE TRANQUILLE"

Exposition à la Galerie de l'Europe

55, rue de Seine 75006.

Du 18 février au 5 Avril 2020

Vernissage le Jeudi 27 février de 18h30 à 21h30

L'exposition est ouverte au public tous les jours de 11h à 19h et le dimanche en présence de l'artiste.

 

 

"Territoire 1"

 

 

"Territoire 2"

 

 

"Territoire 5"

 

 

"Territoire 24 " 

 

 

Triptyque "Territoire 4"

 

 

"Territoire 17" 

 

 

"Territoite 21"

 

 

"Territoire 15"

 

 

Triptyque ""Territoire 29"

 

 

<"Territoire 28"

 

 

"Territoire 23"

 

 

"Teritoire 10" 

 

 

"Territoire 16"

 

 

"Territoire 13"

 

 

"Territoire 14"

 

 

«TERRITOIRE TRANQUILLE »

Par Joël Halioua - Décembre  2019 - 

 

C'est un ailleurs qui ne se dévoile pas. Un lieu entre ciel et eau, d'où émergent d'étranges fantasmagories de métal et de pierre. Un horizon bardé de fer et de béton arrête l'œil, laisse affleurer dans les lointains la possibilité d'une ville, d'habitations éparses, ou l'infinité de la mer. C'est ainsi que Francesca Piqueras a vu l'Ecosse. 

 

Elle ne décrit pas les lochs ou les collines, l'enchevêtrement de la terre et de la mer, les pubs d'où ne s'échappent plus la fumée du tabac et de la tourbe. Son propos est tout autre. Chaque photographie impose une lecture subtile d'une âpreté autant liée au climat qu'à la situation actuelle. 

 

Les fractures et la rouille, les arêtes et les pointes dessinent en ombres plus qu'en lumière la géographie intérieure d'un pays, d'un peuple, d'une histoire ancrée dans le réel d'aujourd'hui. Mais jamais cette dureté apparente n'est érigée en constat, encore moins en jugement.  

 

Ses photographies soulignent une majesté perdue, ou plutôt oubliée. Pylônes hiératiques, absurdes barrières de béton, cités de fer à fleur d'eau composent un poème visuel au rasoir, celui d'un progrès en cale sèche, de l'abandon du passé au vent, aux vagues et à la pluie, comme si au final, tout ce qui a été construit ici devait retourner aux éléments pour qu'enfin la paix soit faite.

 

Les guerres mondiales s'éparpillent sur le sable. Les plateformes pétrolières s'étirent vers le ciel. Leur juxtaposition n'a rien d'une allégorie qui opposerait le pouvoir technologique à la gloire fanée d'un empire, la soif d'inventions et de conquête à la nostalgie du passé. C'est avant tout la mise en perspective d'un futur incertain, qui oscille à la manière de cette armada immobile de structures insensées que rien ne décide à prendre le large, point de repère fluctuant d'une humanité égarée.

 

C'est cette lecture si particulière de la relation ambiguë entre l'humain et les paysages terrestres ou marins qui lui confère une puissance empreinte de douceur. Ce n'est pas le lieu, ici, qui compte, mais ce regard d'une esthétique affirmée qui est le sien, narration onirique en équilibre délicat entre abstraction et figuration, où le temps n'est jamais figé mais seulement suspendu, encore indécis sur ce que réserve l'avenir. 

 

Le « territoire tranquille » de Francesca Piqueras n'est paisible qu'en apparence. Chacune de ses photographies vibre d'une sourde énergie, où les turbulences de l'homme et des éléments se télescopent et se répondent. Mais la violence symbolique de ces architectures conquérantes contraste avec une lumière subtile, toujours changeante, presque rebelle. Difficile de ne pas y ressentir en écho la singularité de l'âme écossaise, trempée comme une lame dans le vent, la pluie et les vagues.

 

 

 

"QUIET TERRITORY"

By Joël Halioua - Janvier 2020- 

 

As seen by Francesca Piqueras, Scotland is not a place, and anything but a « quiet territory » between land and sea. Scarred by a border enhanced by man's defensive works, slowly disintegrating, bearing traces of wars long forgotten now, or harbouring gigantic oil rigs, creaking witnesses of an unaccomplished conquest of the marine depths. 

 

These derelict remains convey neither nostalgia nor regret, they simply exist, with their massive substance and Francesca Piqueras' eye points the spectator towards mankind paradoxical ego, where creation, abandonnement and destruction go hand in hand, without rhyme or reason. 

 

The structures she photographs assume their position within a barely distinguishable landscape, where one can spot in the distance the faint presence of human beings. Both useless guardians and totems of power, they stand between past and present, a gateway to whatever future we build. 

 

But battered concrete and rusted steel, even in the almost voluptuous shapes she photographs, are not the main characters of this land in between. Lines and light and contrasts and colors are to be read like a silent musical score, or an ancient, cuneiform like langage, a writing against the sky appeasing the spirits and ghosts of wars and empires. 

 

This is the territory where Francesca Piqueras leads us, through her subtle framing of the giants in this land. Each of her images possess a strange, soothing effect, where the inherent violence of those aggressive structures is balanced by their timeless existence, over which clouds are constantly dancing. And her dreamlike narrative, in the delicate balance between abstraction and figuration, turns Scotland, definitely, into a « quiet territory ».

 

 

 

 

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© Francesca Piqueras Photographe